poèmes divers

Publié le par Isabelle Gabay

Elle joignit d'ailleurs la réponse à la requête du Gouverneur, qui, dans la même lettre, lui demandait ce qu'il méraitait...

Vostre Grasce,

Mes créations artistiques vous émeuvent à ce point que lors d'un pari que ma conaissance me fit perdre, vous me commandiez une série de poèmes à rythme soutenu.
Remarquez, c'était cela ou vostre couche, et prude comme je le suis, je fut si effarouchée par vos avances que j'ai donc choisi les mots pour vous plaire.
N'en prenez point ombrage, Messire, non que votre verve ne m'aie déplut, mais les défis m'ont toujours bien plus plu qu'une simple coucherie, fusse t elle avec le gouverneur en personne.

Mais voici donc vous attendiez poème à la gloire des montagnes que vous chérissez, joint à mon serment, comme vous me le demandiez...

Voyez ces crêtes enneigées
Du manteau blanc de l'Hiver
Vers lesquelles mon âme se perd
Par delà les cîmes presque bleutées.

Je m'y engouffre abandonnée
Ne voyant plus que les hauteurs
mon ventre serré par tant de peur
et me blesse aux pics glacés.

Mon sang alors rougit l'immaculée
un froid intense vient m'envahir
une force qui me fait frémir
Et quelques larmes partent s'écraser.

Je serre les dents et reprend pied
Encor regarde vers le haut
Je ressent chacun de ces assauts
la tempête est toujours déchainée.

Soudain par une lumière aveuglée
En un instant, le calme revenu
après l'ultime vent imprévu
Mon corps en tremble dans son entier.

Alors, l'esprit et le coeur apaisé
je lève la tête j'ouvre les yeux
et ne vois qu'un immense bleu...

Mais n'est ce point la couleur de tes yeux ?

 

Zoyas relut ce qu'elle venait de composer. Ses joues s'empourprèrent, elle avait quelque peu dévié des montagnes, sans même s'en rendre compte..

Elle rajouta deux lignes en bas du message :

Vostre Grasce, pardonnez la tourmente que l'idée d'une tempête en montagne m'a plongée.
Vos monts briançonnés seront bien à l'honneur pour le prochain.

Respectueusement,
Dame Zoyas de Bathernay.



Le deuxième poème :

Allongée dans la rosée
D’une aurore toute d’or
La Dame de par son âme
S’enfuit de ce monde ci.

Par delà monts et vals
L’esprit fol l’aigle vole
Vers les cimes qui culminent
Voit un faîte et s’y arrête.

Il peut voir du promontoire
Des hommes toute la somme
De leur folie de leur oubli
Les engeances de leurs vengeances.

L’aigle pleure de tant de heurts
Baisse les yeux déjà trop vieux
Il repart quitte les remparts
Larmes sèches il sent une flèche ?

Un soldat, le bel exploit
L’avait en mire il se retire
A nouveau quitte une peau
Pour renaître en un bel hêtre.

Humain Animal Végétal
Nous tuons nous volons
Les essences les espérances
Nous mourrons nous nous tuons.

L’homme est un loup pour l’homme ?
L’homme est le pire des prédateurs !
Qui tue son prochain pour le plaisir,
Pour une foi ou un terrain.
Qui coupe les forêts pour de l’argent
Assèche les rivières fait monter les mers.
L’homme se tue il tue la planète,
Il emportera avec lui le secret de milles vies
Il emportera un univers…

 

  Melchior, haut dans le ciel, volant d'arbre en arbre, par cette chaleur qui lui rapellait tant quelque chose..Si tant est qu'il se rapellât...
L'oiseau venait d'un pays lointain, telement lointain que les gens ne savaient le nommer. De marins en marchands, il avait traversé des mers et des frontières, été passé de mains en mains.

Oisillon peureux, il n'avait connu que la corde qui enserraient ses griffes pour le retenir près d'haleines avinées, de bruits sourds et de grosses mains sales qui parfois terminaient leur course sur volatile..
Il avait même perdu quelques plumes et quelques grammes. Failli mourrir.
Un jour d'hiver, par un froid glacial, le premier de sa vie, il se entendit une voie mélodieuse, et sentit une main douce...
Herwan, émerveillait, prenait possession de l'oiseau auprès d'un marchand d'escalve.

Toujours attaché, Herwan lui apprenait à voler, auprès de pigeons qui lui montraient la voie. Un petit lien à la patte, quil se faisait oter à destination.
Chaque fois, il recevait quelque graine en récompense, ce qui le poussait à toujours mieux faire.

Jusqu'au jour où, au mois de janvier, Herwan lui parla plus mélancoliquement que d'habitude. Sa voix chantante semblait autre...
Il partait, se faire offrir en cadeau...

Zoyas, alors à Dié pour une mission Ostienne, vit, le jour de son anniversaire, ce magnifique emplumé arriver, et lui adresser un joyeux anniversaire d'une voix si crillarde qu'elle en fut toute émue...

Ce cadeau, depuis ce jour, Melchior, ne la quitta plus, et voyage posé sur son épaule, ou bien encor haut dans le ciel...

Ce jour là, aux alentours de Briançon, Zoyas le siffla. Se posant sur son poignet, il se laissa mettre la missive, et s'en alla, sachant qui il devait retrouver...


Bien cher Argael.

J’espère que mon ara vous trouvera, des rumeurs disent que vous êtes en montagne, je suis moi-même presque chez vous à vous attendre.
Je joins à ma missive un autre des poèmes qui vous est dû. Ayant conscience que je prends des libertés avec les temps et les formes, ceci  sera justement le thème de la composition !


Alanguie, couchée, dehors, au soleil, la nature vert tendre de jeunes pousses qui contrastent avec les feuilles foncées du temps passé.
Les rayons balayent mon visage et le vent, lui, caresse ma chevelure rousse qui flamboie dans la prairie.
Rougeoiement du soleil bientôt couché. Les montagnes de leurs ciment en captent l’essence.
Le temps... Le Temps n’a pas de prise, aucune, ni sur mon corps de femme, ni sur mon esprit. Il s’est arrêté, là. Quand ? Comment ? Rien que le néant pour répondre à mes questions ! Il n’y a plus de question, que la plénitude d’un moment savouré, partagé. Oui, partagé avec l’herbe, avec l’oiseau qui pépie au loin et les branches qui bruissent.
Gaie…Rieuse, riante..
Je ris, je ris, Ah, je ris ! De me voir si femme, si heureuse, si simplement surtout.
Contraintes ? Que nenni ! La seule est de profiter, rare moment de solitude, de calme si ce n’est le chant joyeux des pies qui accompagnent le ruisseau dans sa symphonie.
Antre du bonheur. Car tout comme le démon, le bonheur a son antre, bien mieux caché et tue pour ne point être découverte ! Mais qu’y a t il à l’intérieur ? Un ange ?
Et les rires des enfants, loin, très loin, dans le village, ou dans mes souvenirs du matin ? Ces exclamations enfantines qui font rire la journée elle-même… Qui attendrissent chacun, si l’on a pas cœur de pierre..
Le souffle du soir arrive. Le ciel orange rouge jaune vient se teinter de nuances plus fortes. Comme le feu qui crépite…
Je me lève donc, le cœur plus léger. Et je reviens dans ce monde…


Vous me connaissez, Argael, à présent. Quand je dis sans forme, il y en a pourtant une cachée, qui vous ressemble étrangement…

Trouvez vous mon ami !

Salutation, A vous revoir très bientôt,

Dame Zoyas de Bathernay

 


Petit acrostiche croisée de rimes entrelaçées pour Nostre Majesté !

Lever de soleil
...Sur ciel encor étoilé

Ethéré de la veille
...Mais de sa sœur est parée

Vision d’un réveil
...Tout de rêves embrumé

Annonce d’une merveille
...Roy arrive en Dauphiné

Nulle autre pareille
...On n’avait ici annoncé

...Il est là ! Vive le Roy !
...Sa Majesté ! Levan Trois !

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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