Les émotions quand son bébé est hospitalisé
Le plus dur est de ne pas savoir. Ne pas savoir si le cas est grave .Parce que quand on voit son bébé de 8 semaines baver un truc mousseux, on pense au pire, surtout avec la fièvre. Ne pas savoir ce qu’ils lui font, ce qu’ils cherchent. Ne pas savoir s’il pleure de douleur, de faim, ou d’autre chose.
Dans la voiture l’amenant à l’hôpital, j’ai pleuré. Les larmes coulaient le long des joues, je me sentais impuissante, coupable aussi de ne pas l’avoir amené plus tôt. Plus tard, j’en discuterais avec ma voisine de chambre, qui a eu exactement le même cas. Sa petite fille de 3 semaines avait été vue par un médecin qui lui avait dit pareil, et elle aussi a atterrit aux urgences.
J’ai pleuré pendant les prises de sang qu’on lui faisait, silencieusement. Je tentais de retenir ces larmes qui roulaient sans sanglots, mais c’était comme si les larmes avaient leur propre volonté. Quand j’ai entendu une infirmière dire à sa collègue « regarde, il est quand même super cyanosé là, non ? » je ne savais pas comment le prendre. Personne ne me parlait. Au bout d’un moment quand même on a fini par m’expliquer. Une infirmière, d’une voix douce. La seule qui a prit la peine de me parler autrement que pour me questionner sur le bébé.
Cyanosé. Je ne connaissais pas vraiment le terme, du moins pas sa définition exacte. Je pensais au pire. Il manquait d’oxygène, je l’ai su plus tard. Il avait une saturation à 32 en arrivant. Il devait être à 100 normalement. Mais à cet instant, les émotions sont intenses.
Il est arrivé aux urgences le lundi vers 23h, a été hospitalisé en soin intensif vers 3h du matin.
Dans cette chambre avec juste une chaise rouge en plastique, pas même un fauteuil un peu confortable pour les parents. On est en pédiatrie, service réservé pour les enfants, comment ne mettent-ils pas à disposition un fauteuil un peu confortable ? Je suis maman allaitante, mon bébé a besoin de moi, même si je ne peux l’allaiter pour le moment (il m’a fallu un moment pour comprendre qu’ils ne me le laisseraient pas l’allaiter). J’étais incrédule face à ce manque de considération pour le parent. La pièce était plus un immense placard qu’une chambre. Le personnel, par contre, ici était vraiment aux petits soins à la fois pour Gabriel et pour moi.
Mais on se sent si inutile, à ne pouvoir rien faire. Sous respirateur, avec une perfusion pour l’alimenter, je ne pouvais même pas prendre Gabriel dans mes bras. Et puis ma rhinopharyngite m’a obligée à porter un masque. Pouvait-il me reconnaître rien qu’aux yeux ? Ma mère me dit qu’ils peuvent reconnaître juste avec l’odeur.
Tous les jours je rentrais au moins deux heures, pour voir mon Grand, le temps du repas du soir. Je pleurais, seule dans la voiture. Des pleurs qui déchargeaient un peu mon corps de toutes les tensions, comme certains bébés pleurent en fin de journée pour la même raison. Et puis les infirmières m’ont dit de rester dormir chez moi, que de toute façon en effet je ne servais à rien. Vu le peu de confort, au moins chez moi j’allais dormir un peu. Mais j’avais le sentiment de l’abandonner. Ne pas être avec lui, ne serait-ce que pour lui parler… Il fallait que je dorme un peu…
Je voulais le serrer fort contre moi, lui parler à l’oreille, le caresser. Pas moyen d’atteindre un cheveu avec tout le harnachement qu’il avait !
La question qui me taraudait le plus c’est : « est-ce que c’est grave ? ». C’est seulement le mardi matin qu’on ma dit que c’était sans doute une bronchiolite sévère, mais à aucun moment on ne m’a dit quel était le degré de gravité. Ce n’est que plus tard qu’on m’a dit qu’il avait eu chaud, mais sans plus. Pourtant, quand je regarde ses constantes maintenant, et que je me souviens de celles qu’il avait en arrivant à l’hosto, je me dis qu’il a eu en fait très très très chaud !
Le mercredi après-midi j’ai amené Raphaël voir Camembert le clown, histoire de me vider un peu la tête.
Gabriel n’a été transféré dans une chambre « normale » que le jeudi soir. Trois jours mais qui m’ont semblé être une éternité ! Dans cette nouvelle chambre, un grand fauteuil inclinable, et je pouvais enfin allaiter dès le vendredi !
Sauf que le vendredi matin je n’avais personne pour garder Raphaël, le Grand, alors je l’ai amené au salon Baby à Paris. On avait besoin tous les deux de se changer les idées.
Mais l’après-midi, de retour à l’hôpital, j’étais plus sereine. Gabriel avait repris des forces et n’étais plus sous respirateur depuis la veille au soir. C’était bon signe, il respirait enfin tout seul sans aide et sa saturation était bonne. Encore encombré, mais pas au point de faire des massage de kiné respiratoire. Mais trop pour pouvoir sortir. J’étais déçue de ne pas l’avoir pour le week-end à la maison mais je m’en doutais quand même.
Je n’étais pas seule dans la chambre. Le hasard a voulu que Gabriel ait pour voisine de chambre une petite de trois semaines. Gabriela (si si si !). Et figurez-vous que les parents habitent à 300m de chez moi !
Au moins, un tas de choses nous rapprochaient et on a pu papoter un peu. Le temps nous a semblé moins long. Et l’état de nos enfants s’améliorait de jour en jour, donc on prenait confiance.
A la fin, il n’y a plus d’émotions. Toute la palette, de la peur, la culpabilité, le stress, la colère contre le médecin traitant, tout y est passé. Il n’y a plus rien en stock, en une semaine mon corps s’est vidé. Il ne me reste plus, dans cette chambre, qu’à écrire tout ce que je vis et ressens, tandis que Gabriel dort paisiblement dans son lit (ce qui est rare, les bras de maman sont tellement plus confortables !). Je ressens la fatigue de ne rien faire, d’être assise sur ce fauteuil à longueur de journée. L’attente de sortir enfin avec mon petit ange, retrouver le Grand, le papa, la maison. Je regarde le soleil qui brille, les jeux qu’on aurait pu faire avant l’arrivée définitive de l’hiver. Mais je sais qu’il sort bientôt, demain peut-être, alors j’attends, patiemment.
Et, enfin, le moment de sortir arrive enfin. Cet instant où la pédiatre dit en souriant : « C’est bon, il peut sortir aujourd’hui » !
Me voilà à nouveau submergée d’émotions. La joie, d’entendre ce verdict attendu, l’impatience de me retrouver chez moi, les joies de ma famille et des amis proches qui m’ont accompagnée toute la semaine.
Voilà, il est à la maison !
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