Poème pour Argaël, en son temps

Publié le par Ludisabelle

Melchior, haut dans le ciel, volant d'arbre en arbre, par cette chaleur qui lui rapellait tant quelque chose..Si tant est qu'il se rapellât...
L'oiseau venait d'un pays lointain, telement lointain que les gens ne savaient le nommer. De marins en marchands, il avait traversé des mers et des frontières, été passé de mains en mains.

Oisillon peureux, il n'avait connu que la corde qui enserraient ses griffes pour le retenir près d'haleines avinées, de bruits sourds et de grosses mains sales qui parfois terminaient leur course sur volatile..
Il avait même perdu quelques plumes et quelques grammes. Failli mourrir.
Un jour d'hiver, par un froid glacial, le premier de sa vie, il se entendit une voie mélodieuse, et sentit une main douce...
Herwan, émerveillait, prenait possession de l'oiseau auprès d'un marchand d'escalve.

Toujours attaché, Herwan lui apprenait à voler, auprès de pigeons qui lui montraient la voie. Un petit lien à la patte, quil se faisait oter à destination.
Chaque fois, il recevait quelque graine en récompense, ce qui le poussait à toujours mieux faire.

Jusqu'au jour où, au mois de janvier, Herwan lui parla plus mélancoliquement que d'habitude. Sa voix chantante semblait autre...
Il partait, se faire offrir en cadeau...

Zoyas, alors à Dié pour une mission Ostienne, vit, le jour de son anniversaire, ce magnifique emplumé arriver, et lui adresser un joyeux anniversaire d'une voix si crillarde qu'elle en fut toute émue...

Ce cadeau, depuis ce jour, Melchior, ne la quitta plus, et voyage posé sur son épaule, ou bien encor haut dans le ciel...

Ce jour là, aux alentours de Briançon, Zoyas le siffla. Se posant sur son poignet, il se laissa mettre la missive, et s'en alla, sachant qui il devait retrouver...


Bien cher Argael.

J’espère que mon ara vous trouvera, des rumeurs disent que vous êtes en montagne, je suis moi-même presque chez vous à vous attendre.
Je joins à ma missive un autre des poèmes qui vous est dû. Ayant conscience que je prends des libertés avec les temps et les formes, ceci  sera justement le thème de la composition !


Alanguie, couchée, dehors, au soleil, la nature vert tendre de jeunes pousses qui contrastent avec les feuilles foncées du temps passé.
Les rayons balayent mon visage et le vent, lui, caresse ma chevelure rousse qui flamboie dans la prairie.
Rougeoiement du soleil bientôt couché. Les montagnes de leurs ciment en captent l’essence.
Le temps... Le Temps n’a pas de prise, aucune, ni sur mon corps de femme, ni sur mon esprit. Il s’est arrêté, là. Quand ? Comment ? Rien que le néant pour répondre à mes questions ! Il n’y a plus de question, que la plénitude d’un moment savouré, partagé. Oui, partagé avec l’herbe, avec l’oiseau qui pépie au loin et les branches qui bruissent.
Gaie…Rieuse, riante..
Je ris, je ris, Ah, je ris ! De me voir si femme, si heureuse, si simplement surtout.
Contraintes ? Que nenni ! La seule est de profiter, rare moment de solitude, de calme si ce n’est le chant joyeux des pies qui accompagnent le ruisseau dans sa symphonie.
Antre du bonheur. Car tout comme le démon, le bonheur a son antre, bien mieux caché et tue pour ne point être découverte ! Mais qu’y a t il à l’intérieur ? Un ange ?
Et les rires des enfants, loin, très loin, dans le village, ou dans mes souvenirs du matin ? Ces exclamations enfantines qui font rire la journée elle-même… Qui attendrissent chacun, si l’on a pas cœur de pierre..
Le souffle du soir arrive. Le ciel orange rouge jaune vient se teinter de nuances plus fortes. Comme le feu qui crépite…
Je me lève donc, le cœur plus léger. Et je reviens dans ce monde…


Vous me connaissez, Argael, à présent. Quand je dis sans forme, il y en a pourtant une cachée, qui vous ressemble étrangement…

Trouvez vous mon ami !

Salutation, A vous revoir très bientôt,

Dame Zoyas de Bathernay

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L
<br /> coucou très joli poème, bisous<br />
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